THE frontière |
Nous nous attendions à un passage de frontière très long et
laborieux à la Torugart Pass, une frontière spectaculaire mais très reculée
entre le Kirghistan et la région autonome du Xinjiang. A plus de 3400m
d’altitude elle n’est le plus souvent fréquentée que par des convois de camions
chargés de containers de 40 pieds mais à la mécanique et au système de freinage
totalement improbables. Nous sommes donc partis très tôt mais finalement tout
s’est déroulé comme sur des roulettes et nous étions à Kashgar à 19h. Nous
avions camouflés VHF et produits frais mais les douaniers n’ont fouillés que
les 4 premiers véhicules. Voyant la longueur de la file, ils ont ouverts les
barrières et nous ont envoyé directement aux services de l’immigration. Ouf ! Certains voyageurs ont parfois
droit à un démontage en règle du véhicule et fouille méticuleuse des livres,
ordinateurs et appareils photos. Ensuite les véhicules sont passés sous un
minuscule jet de désinfectant car la grippe aviaire sévit à nouveau dans cette
région de Chine. Nous avons eu même droit à une prise de température frontale
pour s’assurer que nous étions sains.
Quelques heures encore et nous étions enfin sur le territoire chinois.
De nombreux incidents ont récemment eu lieu dans cette
région (des attentats sanglants à Urumqi et une répression qui l’a été tout
autant) qui réclame encore plus d’autonomie vis à vis du régime de Pékin.
Peuplés majoritairement de ouïgours, de confession musulmane, il y a de
nombreux mouvements fondamentalistes et tant physiquement que culturellement
les ouïgours sont plus proche des peuples d’Asie Centrale que de la Chine de
l’Est. Ceci expliquant cela, notre séjour a été un peu perturbé car les
autorités
Kashgar Bazaar |
Le luthier joue pour nous... |
Il y a du pain dans la cuisine ouïgour... |
Il faut par ailleurs dire
que c’est une étape critique car nous sortons de la Kirghisie sauvage et
grandiose et que nous attendons tous avec impatience la Mongolie. Alors se
retrouver dans une zone à nouveau très peuplée, polluée, urbanisée et sous
surveillance, ça fait beaucoup.
Cependant en toute objectivité notre périple nous as mené de
Kashgar à Aksu, Kachi, Urumqi et vers le Qinhe pour la Mongolie au travers de
très belles pistes Nous avons longé le désert du Taklamakan et traverser des
hauts plateaux de la chaîne des
Montagnes Célestes à plus de 3000M, bivouaqué dans le désert de Gobi.
Une
impression d’immensité mais jamais d’isolement, ni de pureté. Beaucoup de
touristes locaux qui se prennent en photos en haut de chaque col, mais lavent
les voitures dans les cascades et les torrents et laissent leurs poubelles sur
les bords de route. Personnellement se
faire prendre en photo les pieds dans les poubelles c’est pas notre truc, mais
bon…
Quand aux camions, nous tremblons un peu dans les cols car
les pistes sont très étroites et ils rejouent
« Le Salaire de la peur 2 » à bord de leur bahut de plus de
40T chargés de cailloux, de charbon ou de lingots d’acier. Parfois l’accident
arrive en témoignent quelques carcasses qui gisent en bas des précipices. Mais ils continuent de faires les porteurs
des temps modernes avec femme et enfant à bord parfois. Ils sourient quand on
les salut en poursuivant leur ascension ou leur descente à 6km/h. Je crois que
vu du ciel les pistes et routes chinoises doivent ressembler à des longs
chapelets de camions qui font un incessant ballets avec des destinations
incertaines.Kachi |
En Chine, Il y a du monde partout (Aksu + 2M d’habitants,
Urumqi + 6M ) et chaque ville est un chantier à ciel ouvert. En arrivant à Urumqi,
on aurait dit qu’il y avait eu la guerre, rues éventrées, banlieue délabrées, engins de chantiers qui bloquent les voies de
circulations, poussière opaque, bruit assourdissant… nous entrions en enfer.
Quand on sait qu’Urumqi était une étape stratégique de la Route de la Soie et
que son nom signifie « Beau pâturage ». Croyez moi le vert n’est pas
la couleur dominante mêmesi elle est la ville la plus éloignée de la mer au monde.
Urumqi |
Nous en avons cependant profité pour visiter un peu et nous occuper du chameau qui assume vaillamment la route et à part un pneu crevé à Kashgar, tout va bien !
Claudine montre ses photos... éclats de rire |
Nous avons terminé notre traversé par un bivouac en bordure
de rivière qui nous a valu la visite de tout les paysans alentours. Il n’est
apparemment pas courant chez eux de se baigner dans les rivières… c’est
pourtant tellement bon quand on est crépi de poussière après une journée de
route.
La sortie du territoire chinois devait être une simple
formalité… bilan arrivée à la douane à 8 heure du matin, nous sommes arrivés en
Mongolie à 19h. Un calvaire
d’administration, de procédures, d’ordres, de contre-ordres, d’attentisme quand
le chef n’est pas là. Si bien qu’à 11h du matin alors que nous attendions
parqués sur un parking de l’administration douanière sans savoir pourquoi ni ce
qui devait se passer, une vague de rébellion s’est levée. Nous avons bloqué la
douane et fait hurlé les klaxons. Plus aucun véhicule, ni voiture ni camion ne
pouvait entrer ou sortir. Oh, miracle dans les 10 minutes les barrières se sont
ouvertes et nous partions vers le poste frontière… dont les équipes partaient
déjeuner. Résultat frontière fermée jusque vers 16h. Que faire ? Rien.
Attendre en déjeunant sur la route, en piquant le tuyaux d’eau pour laver les
voitures et remplir les réservoirs, en jouant aux cartes. Bref un journée
perdue, qui contribue à faire monter la tension, à faire croitre notre rancœur contre
l’administration chinois mais qui finalement fait aussi partie du voyage. Une
école de patience.
A la queue leu leu... |
Au final nous avons du déplacer le bivouac du soir car il
était prévue à plus de 200km après la frontière mais nous sommes heureux de
nous retrouver au milieu du massif de l’Altaï.
On croise les doigts pour que le passage en Chine de l’Est
se déroule plus facilement mais… pour l’instant goutons le plaisir de la
Mongolie.
Bisous les voisins... Aller faut que ça roule.... Vavavoum
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