20/08/2014

La Chine de l’Ouest : traversée du Xinjiang

THE frontière
Nous nous attendions à un passage de frontière très long et laborieux à la Torugart Pass, une frontière spectaculaire mais très reculée entre le Kirghistan et la région autonome du Xinjiang. A plus de 3400m d’altitude elle n’est le plus souvent fréquentée que par des convois de camions chargés de containers de 40 pieds mais à la mécanique et au système de freinage totalement improbables. Nous sommes donc partis très tôt mais finalement tout s’est déroulé comme sur des roulettes et nous étions à Kashgar à 19h. Nous avions camouflés VHF et produits frais mais les douaniers n’ont fouillés que les 4 premiers véhicules. Voyant la longueur de la file, ils ont ouverts les barrières et nous ont envoyé directement aux services de l’immigration.  Ouf ! Certains voyageurs ont parfois droit à un démontage en règle du véhicule et fouille méticuleuse des livres, ordinateurs et appareils photos. Ensuite les véhicules sont passés sous un minuscule jet de désinfectant car la grippe aviaire sévit à nouveau dans cette région de Chine. Nous avons eu même droit à une prise de température frontale pour s’assurer que nous étions sains.  Quelques heures encore et nous étions enfin sur le territoire chinois.
De nombreux incidents ont récemment eu lieu dans cette région (des attentats sanglants à Urumqi et une répression qui l’a été tout autant) qui réclame encore plus d’autonomie vis à vis du régime de Pékin. Peuplés majoritairement de ouïgours, de confession musulmane, il y a de nombreux mouvements fondamentalistes et tant physiquement que culturellement les ouïgours sont plus proche des peuples d’Asie Centrale que de la Chine de l’Est. Ceci expliquant cela, notre séjour a été un peu perturbé car les autorités
Kashgar Bazaar
Le luthier joue pour nous...
souhaitent contrôler nos déplacements : changement d’hôtel à Kashgar (le notre était trop central sur la place où revendiquent les manifestants), annulation de bivouacs car ils préfèrent nous avoir sous les yeux, interdiction en cours de route de faire la piste frontalière (conséquence : demi tour de 80km pour faire un nationale sans intérêt et payante). Et je ne vous ai pas encore parlé de la sortie du territoire vers la Mongolie, le clou du spectacle. Autant dire que les autorités chinoises ne sont pas accueillantes et qu’elles ne m’ont pas donnés envie de faire la promotion touristique du pays.


Il y a du pain dans la cuisine ouïgour...
Il faut par ailleurs dire  que c’est une étape critique car nous sortons de la Kirghisie sauvage et grandiose et que nous attendons tous avec impatience la Mongolie. Alors se retrouver dans une zone à nouveau très peuplée, polluée, urbanisée et sous surveillance, ça fait beaucoup.
Cependant en toute objectivité notre périple nous as mené de Kashgar à Aksu, Kachi, Urumqi et vers le Qinhe pour la Mongolie au travers de très belles pistes Nous avons longé le désert du Taklamakan et traverser des hauts plateaux  de la chaîne des Montagnes Célestes à plus de 3000M, bivouaqué dans le désert de Gobi. 







Une impression d’immensité mais jamais d’isolement, ni de pureté. Beaucoup de touristes locaux qui se prennent en photos en haut de chaque col, mais lavent les voitures dans les cascades et les torrents et laissent leurs poubelles sur les bords de route.  Personnellement se faire prendre en photo les pieds dans les poubelles c’est pas notre truc, mais bon… 


Quand aux camions, nous tremblons un peu dans les cols car les pistes sont très étroites et ils rejouent 
« Le Salaire de la peur 2 » à bord de leur bahut de plus de 40T chargés de cailloux, de charbon ou de lingots d’acier. Parfois l’accident arrive en témoignent quelques carcasses qui gisent en bas des précipices.  Mais ils continuent de faires les porteurs des temps modernes avec femme et enfant à bord parfois. Ils sourient quand on les salut en poursuivant leur ascension ou leur descente à 6km/h. Je crois que vu du ciel les pistes et routes chinoises doivent ressembler à des longs chapelets de camions qui font un incessant ballets avec des destinations incertaines.
Kachi
En Chine, Il y a du monde partout (Aksu + 2M d’habitants, Urumqi + 6M ) et chaque ville est un chantier à ciel ouvert. En arrivant à Urumqi, on aurait dit qu’il y avait eu la guerre, rues éventrées, banlieue délabrées,  engins de chantiers qui bloquent les voies de circulations, poussière opaque, bruit assourdissant… nous entrions en enfer. Quand on sait qu’Urumqi était une étape stratégique de la Route de la Soie et que son nom signifie «  Beau pâturage ». Croyez moi le vert n’est pas la couleur dominante mêmesi elle est la ville la plus éloignée de la mer au monde.  

Urumqi
Nous en avons cependant profité pour visiter un peu et nous occuper du chameau qui assume vaillamment la route et à part un pneu crevé à Kashgar, tout va bien !

Claudine montre ses photos... éclats de rire
Nous avons terminé notre traversé par un bivouac en bordure de rivière qui nous a valu la visite de tout les paysans alentours. Il n’est apparemment pas courant chez eux de se baigner dans les rivières… c’est pourtant tellement bon quand on est crépi de poussière après une journée de route.
La sortie du territoire chinois devait être une simple formalité… bilan arrivée à la douane à 8 heure du matin, nous sommes arrivés en Mongolie à 19h.  Un calvaire d’administration, de procédures, d’ordres, de contre-ordres, d’attentisme quand le chef n’est pas là. Si bien qu’à 11h du matin alors que nous attendions parqués sur un parking de l’administration douanière sans savoir pourquoi ni ce qui devait se passer, une vague de rébellion s’est levée. Nous avons bloqué la douane et fait hurlé les klaxons. Plus aucun véhicule, ni voiture ni camion ne pouvait entrer ou sortir. Oh, miracle dans les 10 minutes les barrières se sont ouvertes et nous partions vers le poste frontière… dont les équipes partaient déjeuner. Résultat frontière fermée jusque vers 16h. Que faire ? Rien. Attendre en déjeunant sur la route, en piquant le tuyaux d’eau pour laver les voitures et remplir les réservoirs, en jouant aux cartes. Bref un journée perdue, qui contribue à faire monter la tension, à faire croitre notre rancœur contre l’administration chinois mais qui finalement fait aussi partie du voyage. Une école de patience.
A la queue leu leu...
Au final nous avons du déplacer le bivouac du soir car il était prévue à plus de 200km après la frontière mais nous sommes heureux de nous retrouver au milieu du massif de l’Altaï.

On croise les doigts pour que le passage en Chine de l’Est se déroule plus facilement mais… pour l’instant goutons le plaisir de la Mongolie.

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