17/12/2014

Santiago, le retour !

Il y a 2 mois déjà que nous venions récupérer le chameau au port de Valparaiso. 2 mois… que c’est vite passé. Que de belles aventures tout au long des 11500km parcourus pour rallier Ushuaia par l’Argentine et remonter par le Chili jusqu’à Santiago où des demain matin nous accueillerons famille et amis pour passer un Noël au soleil tous ensemble.
Après avoir traverser une annexe de la Bavière, comme je l’évoquais lors de mon dernier post, cette dernière étape pour rejoindre la  capitale nous a conduit au travers de la Valle Central. Loin des grands espaces sauvages de la Patagonie, nous avons enfin retrouvé le soleil la chaleur mais surtout une campagne riche de vergers, de vignes et de forêts.

Xtian imite le moustique local



L’industrie du bois est pour le moins un pilier de l’économie locale avec des centaines de kilomètres de pins ou d’eucalyptus. Ici ne cherchez pas la biodiversité ou les forêts primaires, rien que des étendus de pins Oregon ou d’eucalyptus à perte de vue, et des files ininterrompues de semi-remorques transportant des grumes, des madriers, et des copeaux.  Au début on ne fait que « ressentir » quelque chose de bizarre en regardant le paysage, puis peu a peu on comprend que l’étrangeté vient du fait qu’à perte de vue les arbres sont identiques, de taille égale et parfaitement alignés. Pas très naturel tout ça… Mais au moins ces forêts sont gérées, replantées et entretenues. Et les essences rares comme l’araucaria sont protégées.


Quand je vous parlais des camions de bois
Côté route autant dire que le fort trafic des camions ne les arrange pas et même si les pistes non goudronnées se font plus rares,  la qualité des revêtements est loin d’être idéale. Par ailleurs, il semblerait que le gouvernement chilien ait décidé de mettre à niveau tout le réseau routier de la région et  nous devons parfois endurer des kilomètres et des kilomètres de travaux dans un épais nuage de poussière avec des zones de circulation alternée qui n’en finissent pas . Mais comme il faut savoir tirer profit de toutes les situation c’est l’occasion pour des vendeurs ambulants de remonter les files de véhicule pour vendre pain, boisson et confiseries. « A toute chose malheur est bon » disait ma grand mère…

La résistance des minorités Mapuche, une réalité à ne pas oublier
Enfin à me lire vous allez avoir le sentiment que cette région est une plaie. Que nenni, elle est sans doute moins impressionnante, surprenante que ce que nous avons traversé mais les côtes du Pacifique sont toujours de merveilleux endroits de bivouacs et nous pouvons prendre le temps de goûter à tous les fruits vendus sur le bord de la route pour une bouchée de pain, d’acheter crabes et poissons frais quand nous traversons un village de pêcheurs.

Invitation de mon homme au restaurant pour mon anniversaire. Miam et surtout MERCI !

Salto de Jala, près de Los Angeles du Chili


Elle est pas belle la vie ?

No comment...

Vue le matin au réveil

Des champs de fraises, à perte de vue... mon rêve. 1 euro le kilo, et elles sont exquises

Et c’est sans parler de la Valle de Colchagua, notre halte œnologique. C’est sans doute l’une des vallées viticoles les plus connues de la VIIème région du Chili. N’imaginez surtout pas des petits propriétaires élevant leur vin depuis des générations et qui vous font gouter leur production comme s’ils partageaient un peu de leur histoire familiale. Ici tout est grand, structuré, organisé. Les domaines viticoles s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares et les caves se visitent moyennant droit d’entrée comme un site classé. Arrivés à Santa Cruz, ville qui est un peu l’épicentre de la vallée nous avons choisi de visiter le Domaine Lapostolle sur notre route des vins. Un choix du hasard mais qui s’est révélé être une vraie bonne surprise.  Le domaine est le plus petit du coin et il couvre 360 hectares. Ce domaine appartient à la famille française propriétaire de Grand Marnier, ce qui explique sans doute leur signature «  french by essence, chilean by birth », qui a décidé de positionner leur production dans la technologie et le très haut de gammes. Ils ont un hôtel classé 4* Relais & Châteaux que nous n’avons pas testé mais nous avons eu la chance d’avoir une visite guidés pour nous tout seul et de terminer par une dégustation de leur production et notamment de leur fleuron, le Clos Apalta, dont la cuvée 2005 a été élu meilleur vin du monde par la revue Wine Spectator. Bon, pour les français que nous sommes, cela ne signifie pas forcément grand chose mais quand la majeure partie de la production est exportée aux US… ça fait une grosse différence. Business is business et c’est tant mieux si cela accompagne un beau produit avec une belle histoire dans un cadre enchanteur. Nous sommes repartis avec de belles images, un palais envouté par la dégustation mais à 100 USD la bouteille… on va essayer de trouver d’autres beaux produits plus abordables. Ce qui est tout a fait réalisable.

Vue du domaine du Clos Apalta depuis la terrasse de la cave
Escalier central de la cave sur 6 étages taillée dans le granit.

Les cuves dans lesquelles sont mis les grains triés à la main, toutes viennent de France.

Avant première sélection et assemblage. Sur 400 fûts seuls 180 feront le Clos Apalta
Tous les futs sont de l'année...

Cave de maturation après assemblage sur 1 année
C'est l'escalier qui mène à la cave des proprios... sous la table de dégustation

En grande discussion avec notre guide autour de la table de dégustation en verre avec vue sur la cave personnelle des proprios.

Vue de la cave depuis les vignes

Bref ces 2 dernières semaines ont été pour nous l’occasion de prendre notre temps et de déguster poissons frais, crabes, fraises, cerises, le tout arrosé de quelques crus qui ne sont pas toujours de notre goût mais qui ont le mérite de refléter la région et de nous faire des souvenirs. Nous en garderons quelques uns en mémoires comme autant de photos olfactives et gustatives.
En attendant le client le poissonnier prépare des céviches pour manger sur place... 

Bivouac de rêve...
Courses du jour pour 8 euros environ.. un rêve de saveur et de fraîcheur.

BBQ de bivouac sur la plage.
Un bon souvenir... du Viognier

Petit déjeuner avant départ sur Santiago, le camping pour nous tout seul.

De retour à la capitale chilienne, notre to do list, en plus de trouver internet internet et une laverie,s'enrichit d'un nouveau challenge... trouver un coiffeur. C'est pas que mais après 6 mois en sauvage il faut faire quelque chose... pour les 6 mois à venir. Une bon conseil et un peu de chance nous conduisent dans un petit salon bien sympa tenu par un coiffeur italien globe trotteur lui aussi dont la passion est de faire de la musique et de mixer. C'est donc sur fond de dub que nous retrouvons une coupe plus civilisée. Merci à toute l'équipe de Saloon2 !
C'est le grand Yamamouchi ! 

En attendant de vous retrouver sans doute en début d’année, je vous souhaite à tous de passer d’excellentes fêtes de fin d’année, de profiter de ceux qui vous sont chers et promis  on se retrouve tout début 2015 pour la deuxième partie de notre parenthèse vagabonde.
Feliz Navidad a todos!!!

08/12/2014

On remonte, on remonte…

C’est avec beaucoup de regrets que nous avons quitté l’île de Chiloé pour laquelle nous avons eu un gros coup de cœur. Haute en couleurs, encore sauvage, avec ses marchés, sa gastronomie et une population très accueillance. Nous y avons gouté le « Curanto » un ragout normalement cuit dans une trou dans la terre (mais au resto dans un plat en terre) dans lequel mijotent d’énormes moules, des abalones, de la palette de porc fumée, de la longaniza, du poulet et des galettes de farine et de pomme de terre. Un truc léger qui rassemble tout ce que les paysans de l’île avaient sous la main. C’est aussi à Chiloé qu’est née la Pomme de terre il y a plus de 13 000 ans, et plus de 250 sortent sont encore cultivées sur l’île. 

Certes elle se fait rattrapée peu a peu par le tourisme mais lutte pour garder son caractère insulaire et ne pas être relié au continent par un pont. Sans doute avons nous bénéficiés d’une chance insolente car 5 jours de soleil sur cette île réputée pour le vent et la pluie, c’est paraît il inédit en cette saison. Nous partons juste avant la « Bier Fest » de Castro… ce qui en dit long sur l’influence germanique  sur cette partie du pays et ce qui expliquerait aussi pourquoi depuis quelques temps nous ne croisons quasiment plus de français mais beaucoup d’allemands. L’allure est différente, plus « Tintin au Congo » avec veste multi poches et chapeau à larges bords. Certains n’hésitent pas à coller des gros drapeaux germaniques sur leur camping car revendiquant haut et fort leurs origines…
Le "Curanto"... du robuste !

Quand je vous disais que les moule sont grosses...

Ce sont des fruits de mer séchés... élément de base de la gastronomie chipote
Un mur a Ancud

Ce sont des algues pour préparer les "cazuela" autre plat typique de Chiloé

Le marché aux légumes de Ancud
Pour être honnête nous avons l’impression d’avoir mangé notre pain blanc dans cette partie du pays car les  régions à venir sont les plus touristiques et très fréquentées, nous anticipons que les coins de bivouacs sauvages vont se faire plus rares. Aussi nous en profitions des grandes plages du Pacifique, des coins de pâturages sans barrières.  Des la sortie du ferry qui nous ramène sur le continent (20mn durant lesquelles nous sombrons dans un sommeil profond… on s’habitue au roulis finalement) nous partons à la recherche de LA petite plage. Nous finirons par la trouver après que Xtian et le chameau aient sorti du sable un camion ensaqué jusqu’aux oreilles. Le tout sous le regard apathique d’ouvriers locaux allongés sur la plage et que le bruit des moteurs ne semblaient pas déranger. Heureusement qu’il avait sa propre sangle et des cales car notre équipement n’y aurait pas résisté. Au couché du soleil nous avons le bonheur de voir passé sous nos yeux  3 dauphins qui regagnaient le large. Ne cherchez par les photos, nous avons préféré les observer plutôt que de plonger tête baissée dans la voiture à la recherche de l’appareil.  Cependant nous sommes  en zone peuplée et toute la soirée ce sera un va et viens des habitants du coin qui rejoignent les îles côtières sur leur petite barque, qui avec un chargement de bois, qui avec les courses… qui nous a vu passé et vient promener ses chiens histoire de faire la conversation. Conversation un peu limité mais toujours sympathique.
Bon et bien il faut remonter … direction la Région des Lacs. 
L'heure de l'apéro

Le bivouac ideal
Xtian teste les salles de sports face à la mer
A vrai dire on joue un peu les enfants gâtés car les paysages sont sublimes mais ressemblent beaucoup à ceux de part chez nous. De grands lacs, des forets, des prairies er des vaches sans oublier de grands panneaux «  kuchen » ( en chilien dans le texte) écrits en lettres gothiques qui invitent à venir déguster des pâtisseries aux fruits dont l’origine de la recette ne laisse aucun doute.  Seule différence majeure, ce n’est pas le Mont Blanc mais le volcan Osorno qui domine dans toute sa majesté, couvert de neige et coiffé d’une couronne de nuages qui ne partira malheureusement pas.  Pour le comble, nous tombons le week end de l’Ultra Trail Volcano (un parcours de 80km avec 3600m de dénivelé positif) dont les « finishers » gagnent des points qualificatif pour l’Ultra trail Du Mont Blanc. Décidément on est poursuivi. Toujours est il que cela nous oblige à changer nos plans car adieu le bivouac au bord du lac.
Le Volcan Osorno

Les Salto de Pétrohué, magnifiques chutes d'eau vert turquoise.

Atelier de "tortillas de Rescoldo", pain cuit sous la cendre.

Le "Zorro" visiteur du soir dans le camping.
Et comme on ne se refait pas, c’est la côte pacifique qui nous attire à nouveau , alors on reprend la direction de Valdivia. En fait nous cherchons à atteindre une plage que mon guide Gallimard dit être la plus «  sauvage » des côtes chiliennes, devant un tel descriptif nous ne reculons devant aucun sacrifice et 50 km de piste dans les montagnes ne nous font pas peur. C’est dans compter que depuis que la route côtière a été goudronnée plus personnes n’emprunte ce chemin. Un piste forestière d’abord couvertes de troncs d’arbres sur toute la largeur afin d’éviter les glissades. Cela aurait sans doute du nous mettre la puce à l’oreille mais confiant et un peu aventurier on continue. La piste se rétrécie et les troncs d’arbres font peu à peu la place à de beaux bourbiers et de belles ornières que nous mettront un temps infini à franchir. Xtian fait tout se qu’il peut pour amortir les chocs protéger le chameau qui, fidèle à sa réputation passe partout. Bilan près de 3 heures à une moyenne de 10km/h et quelques moments de doute pour arriver sur cette fameuse plage, tellement sauvage qu’elle n’est accessible qu’à pieds après avoir franchir 3 cordons de dunes. Impossible de trouver un accès à la mer derrière les clôtures et il nous faudra parcourir encore une dizaine de kilomètres pour enfin se poser dans une « caleta » , une sorte de crique idyllique à l’abri des regards. Ouf !!! Le temps de se poser et la nuit et là.

La "caleta de Huiro", vue de notre bivouac
Vue sur le Pacifique, c'est beau non ?
Par chance un petit ferry  relie Corall à Néblia et nous évitera de faire encore 80km de piste pour rejoindre Valdivia. Validivia, que dire… qu’ici on est presque en Allemagne. La brasserie bavaroise Kunstmann est à l’honneur partout et tous les restaurants, cafés, auberges portent des patronymes germaniques joliment calligraphiés en lettres gothiques. Beaucoup de cette immigration allemande remonte au XIX mais une grande partie encore date « des années 40 ». A vous de choisir lesquelles.

Un rapide tours en ville nous permet de voir les éléphants de mer faire le siège de la Feria Fluvial, la Criée aux poissons où ils viennent quémander leur part de la pêche du jour. A la fermeture du marché, quand les étals sont nettoyés ils n’en perdent pas une miette  et se disputent les restes avec les mouettes et une sorte d’affreux rapace noir qui fait froid dans le dos. Le spectacle est drôle mais la ville n’a pas de quoi nous retenir plus longtemps que ça car la visite du Musée d’Histoire ne fait pas le poids face à une belle après midi ensoleillée. Notre prochaine challenge : trouver un endroit pour la nuit. Et croyez moi c’est pas simple. Les Chiliens sont des fans de pique-nique, mais rien de très nature. Ils sont prêts à s’entasser dans des zones spécialement aménagées ou moyennant une contribution financière ils partageront leurs sandwichs  assis sur un banc ou sur une couverture au milieu de quelques dizaines d’autres familles venues faire de même. A midi nous avons testés… un pique-nique « au cul du 4x4 » garé dans un champ séparé de la mer par une clôture en barbelée. Mais on ne se sentait pas seuls… une question me taraude encore, à quoi sert le barbelé et surtout pour quoi les chiliens  s’installent-t-ils là ? Aussi pour le bivouac on abandonne tout de suite l’idée du coin nature et  ce sera une Cabaña face à la mer.

Bouille sympa mais les poissonnier ont du mettre des grilles pour ne pas se faire mordre...


A bientôt !!!