En cette période électorale où les promesses des candidats
s’étalent en grand format sur les bords de routes, le sport national semble
être le blocage des villes. Après le « racket » de Ocosingo nous
avons du à nouveau faire preuve d’imagination pour sortir de Tehuantepec, puis
de Oaxaca ciudad et à Acapulco les associations de citoyens étalent de grandes
banderoles pour demander aux « autorités locales » de faire respecter
la loi et d’en finir avec les blocages et manifestations. De ce que nous en avons
vu, lesdites autorités ne sont pas pressées d’intervenir. Dans le meilleur des
cas elles se placent en amont des barrages et tentent de décourager les
automobilistes de se rendre sur place. Mais comme elles ne savent pas quelles
sont les routes bloquées, on se rend vite compte que l’on croise toujours les
mêmes véhicules qui tournent en rond cherchant une échappatoire comme des rats
pris dans un labyrinthe. Dans ces cas là
je pense souvent à cet autocollant que des automobilistes humoristes collent
sur leur vitre arrière « ne me suivez pas je suis perdu ». Quand on
a de la chance (et un GPS avec de bonnes cartes) comme ce fut notre cas jusqu’à
présent on s’en sort bien, moyennant quelques heures de pistes plus ou moins
défoncées, mais c’est aussi l’occasion de découvrir des villages et paysages
inattendus. Sinon, et bien sinon, il faut attendre un jour parfois plus. A
notre arrivée à Oaxaca Ciudad un face à face taxis manifestants du CROC
s’affichait en grand sur les unes des journaux. Résultat : 7 taxis les roues en l’air comme de gros scarabées.
Il faut dire que les taxis profitent largement de ces barrages, les clients
sont déposés d’un coté de la barrière, traverse à pied une sorte de no mans
land d’une taille raisonnable pour ne pas vexer les manifestants et sont repris
en charge par d’autres taxis de l’autre côté.
Pas mal non ?
On ne passe pas.. |
Polices et armées ne sont là que pour arpenter les routes
sur des pickup armées de mitrailleuses et équipés comme pour partir en guerre.
Je sais bien qu’ils sont en guerre contre les narco trafiquants, mais c’est
toujours un peu surprenant de les voir ainsi traverser des villages de pêcheurs
qui nous semblent tout ce qu’il y a de plus tranquille alors qu’en ville le
torchon brule. C’est une peu courage fuyons…
Restaurant sur le bord de la route... |
Un vrai train de l'Union Pacific |
Des milliers d'éoliennes... |
A part ça vous ne seriez pas surpris des slogans et
promesses des candidats qui sonnent
désespérément creux et raisonnent malheureusement comme du déjà entendu :
« Il faut du travail pas des promesses, nous nous y engageons »,
« un parti près du peuple », « honnêteté et ordre pour croitre
ensemble » j’en passe et des meilleures, le tout agrémenté de photos où
les candidatas posent avec des enfants, des vieux, des pêcheurs, sur son
tracteur (ça c’est pour le candidat local), en famille, soutenu par son
gouverneur… Le dimanche des groupes de militants habillés du même T-shirt
s’entassent à l’arrière de pickups aux
couleurs du candidat et sillonnent les routes avec musique à fond pour tracter,
se rapprocher du « peuple ». Misère, misère…
Bon nous on suit tout ça de loin mais il est difficile d’y
échapper et depuis San Cristobal, on en a parcouru des états et vu des trombines
de candidats. Après le Chiapas, on a traversé le Oaxaca, pour rejoindre la côte
Pacifique dans le Guerrero visiter Acapulco et remonter le Michoacan, le Colima
et maintenant nous sommes dans le Jalisco.
A Oaxaca city le centre ville est occupé par des
manifestants dans leurs tentes qui affichent des banderoles demandant la
libération de leur leader syndicaliste et l’arrêt es réformes
structurelles ?? Leurs revendications sont sans doute justes et leurs
slogans sont émouvants (la seule lutte que l’on perd est celle que ‘on
abandonne) mais tout ça semble bien dérisoire dans cette ville en passe de
devenir très touristique et dont le centre devenu piétonnier n’abrite plus que
des églises et couvents merveilleusement restaurés, des hôtels, des boutiques
chic et class et des restaurants pour touristes étrangers. Oaxaca entend bien
défendre son titre de capitale culinaire du Mexique et s’enorgueillit de ses 7
« mole » différents. Les moles sont des sauces à base de chili mais
avec des finesses de gouts et de colorations différentes : amarillo,
verde, rojo, bianca... J’ai pu gouter le mole negro, la plus intrigante pour
moi car à base de chocolat et servi avec de la volaille. Un vrai délice mais il
faut aussi dire que Oaxaca, c’est aussi la capitale du chocolat. Le chocolat au
lait ou à l’eau, chaud ou froid est la boisson locale favorite. Parfumé à la
cannelle, ou mélangé à du maïs, de nombreuses échoppent le broient devant vous
et proposent des dégustations. Curieusement le chocolat en tablette n’est pas
de super qualité gustative et souvent très (trop) sucré. Mais les spécialités
culinaires régionales ne s’arrêtent pas là puisque Oaxaca et plus exactement la
vallée centrale au sud de la ville est la région de production du Mezcal. Les fabriques artisanales bordent les routes
et nous n’avons pas pu résisté à la visite ni à la dégustation. Le Mezcal c’est
de l’alcool d’agave (pour gladiateurs), une sorte de plante qui ressemble à un
plant d’ananas. Le cœur de la plante est broyé à la meule, puis les fibres sont
mises à macérer pendant 9 jours. Ensuite le tout est distillé 2 fois dans de
grands alambics chauffés au bois. Je vous passerai les différentes sortes de Mezcal
Añejo, syvestre ou reposado mais il en est un qui ne nous a pas tenté le
« pechuga ». En fait c’est du blanc de poulet qui est rajouté dans l’alambic pour la
seconde distillation. Il paraît que le parfum est subtil… sans doute mais nous
n’avons pas été tenté par l’expérience. Et ce n’est pas la seule car à Oaxaca
on consomme aussi des sauterelles et des vers grillés. Vendus au poids dans les
marchés ces micros bestioles rentrent dans la préparation de certains plats et
peuvent aussi agrémenter le fond des bouteilles de Mezcal. Véritable tradition
ou marketing, on ne sais pas très bien mais on a préféré gouter le chocolat.
Bientôt on arrivera dans la région de la Téquila et on vous tiendra au courant.
Fier de son Mezcal... |
Je vous rassure nous n’avons pas fait que manger et boire,
dans notre périple nous avons aussi rendu visite au plus gros arbre du monde à
El Tule. Agé de plus de 2000 ans il trône au milieu du petit jardin de ville
avec un tronc de plus de 14m de diamètre et 42m de haut. Un peu plus loin il y
a son fils âgé de 1000 ans seulement et son petit fils un jeunot qui ne dit
même pas son âge. Sa présence est vraiment impressionnante et imaginer tout ce
qu’il a vu défilé durant sa vie donne le vertige. Nous prendrons le temps de
déguster une « nieve de cholito » (sorbet) à l’ombre de ce vieillard
avant de repartir…
Hierve Agua, sources sulfureuses |
Puerto Escondido |
De Oaxaca à Puerto Escondido c’est 250km de route sinueuse
pour rejoindre le Pacifique. Franchement ça se mérite, d’autant que les
mexicains sont les champions des dos d’âne. A l’entrée au milieu et à la sortie
de chaque village il y en a un. C’est leur moyen de ralentir les Fangio locaux
mais c’est un vrai calvaire pour le chameau et nous. Entre Puerto Escondido et
Acapulco, 397 km et 272 de ces fameux
« Tope ». Une bonne moyenne mais à part ça cette côte est une
vraie merveille de plages désertes, de sable blond ou de criques enchâssées
entre 2 falaises, de petits villages de pêcheurs.
Et puis il y a Acapulco, le
mythe où dans les années 50 et 60, venaient Elisabeth Taylor et Richard Burton,
Elvis Presley, Frank Sinatra ou les Kennedy… la riviera mexicaine avant qu’elle
ne soit détrônée par Cancun. Depuis Acapulco a connu les affres de la guerre
des gangs qui a fait pas mal de dégâts collatéraux et figé la ville dans le
temps. Aujourd’hui le tourisme reprend ses droits mais il est essentiellement
mexicain car la ville a toujours mauvaise réputation. Avec un front de mer
entièrement bordé d’hôtels on a du mal à voir les plages mais elles sont grandes
et couvertes d’un sable blond et doux. Malheureusement, il est difficile de se
baigner tant les vagues sont puissantes et les courants vous attirent vers le
large. Aussi les touristes se prélassent sur les chaises longues en front de
mer et se baignent dans les piscines des hôtels. C’est un tourisme familial et
notre hôtel n’échappe pas à la règle, une sorte de club med de 500 chambres où
on nous met un bracelet autour du poignet à l’arrivée et où le restaurant peu
accueillir sans problème plus de 2000 personnes. Mais après 30mn de queue (pas
de bol un car venant de débarquer juste devant nous) on a une chambre au
dixième étage avec vue imprenable à 180° sur la baie d’Acapulco. Le lendemain on ira voir les fameuses falaises
du haut desquelles les plongeurs sautaient et qui ont fait la réputation de la
ville. Il paraît que Johnny « Tarzan » Weissmuller était un adepte.
Aujourd’hui des plongeurs locaux donnent le spectacle 4 fois par jours devant
un public local qui prend son ticket et réserve sa place à l’avance. Ca fait
moins rêver mais l’endroit demeure toujours très impressionnant.
vue de la chambre... |
la falaise des plongeurs |
En quittant Acapulco on remonte vers Mazatlan que nous
atteindrons d’ici 3 ou 4 jours. La côte pacifique est toujours aussi belle et
nous trouvons tous les soirs un lieu de bivouac sauvage ou un camping où nous
sommes seuls. Les couchers de soleils sont toujours aussi magnifiques, c’est
pour cela que nous ne nous en lassons pas. Seule ombre au tableau, les nonos,
ou mouches des sables. Ces affreuses bestioles ne sont pas plus grosses que des
puces, mais ce sont des mâchoires montées sur les ailes. Nous en avions été
victimes à Cuba, il y a quelques années et malheureusement elles nous ont
rattrapées il y a quelques jours alors que nous goutions un bivouac
paradisiaque. Après quelques dizaine de piqures c’est l’enfer pour une semaine
tellement cela démange. Ces monstres sont sans doute missionnés pour nous
ramener sur terre.
Dans quelques centaines de kilomètres nous seront à Mazatlan
et nous devrons décider soit de traverser
vers La Paz et remonter la basse Californie (la Baja) soit d’abandonner l’océan
pour rentrer vers la région désertique de Chihuahua et du Cañon de Cobbre. Je
crois que le choix va être très très dur.
Ah que coucou les amis ! |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire