26/01/2015

El condor pasa...



Mancora
Bon alors je vous plante le décors… 30°, un parasol, 2 transats, le bruit du Pacifique, les surfeurs, quelques vendeurs de mangues, de boissons fraîches et de paréos. Nous sommes à Mancora au nord du Pérou et nous savourons une pause avant le passage en Equateur.  Une station balnéaire pleine de vacanciers péruviens et de routards de tous poils venus ici pour surfer, faire la fête et vendre des bracelets brésiliens en poussant la chansonnette dans les restos de bord de plage.
C’est vrai que ce fut un peu silence radio depuis… La Paz je crois. Déjà ??? C’est fou comme le temps vite.  De Lac Titicaca à Mancora un peu plus de 3000 kilomètres et l’impression d’avoir traverser 2 pays différents : les Andes et la zone côtière. Deux univers, deux cultures qui ne se rencontrent pas, et nous ont laissé des sensations très différentes.
Le lac Titi Caca

Traversée du lac Titi Caca en barge

Le Moto Taxi péruvien...tous plus fous les uns que les autres, il y en a partout!

Puno au bord du lac TitiCaca
Le passage de la Bolivie au Pérou s’est fait par Copacabana au bord du mythique Lac Titicaca. Un lac qui ressemble à une mer dont ne voit pas les limites, 2/3 appartiennent au Pérou et 1/3 à la Bolivie. Chacun revendiquant la plus belle partie du lac. Pour être honnête, en ce qui nous concerne on n’a pas fait la différence. Les paysages sont magnifiques et nous avons fait halte à Copacabana, côté bolivien et à Puno côté péruvien, principalement pour acheter notre assurance auto, obligatoire au Pérou. On a évité la ballade sur les îles flottantes en « cargo » touristique. Tellement touristique que pour une répartition équitable des clients dans les communautés on ne choisit pas son point de chute. C’est l’agence qui répartit les clients … Bref en bon sauvage, direction le Cañon de Colca, où planent les fameux condors. Là commence une longue traversée sur des pistes magnifiques qui oscillent entre 3500 et 5000m. En fait on se fait le Mont Blanc plusieurs fois par jours et la neige n’est jamais loin. Parfois même elle nous rattrape obligeant le Lion à redoubler de prudence pour que le chameau ne glisse pas. Quand au Cañon c’est l’un des plus profond au monde couvert de cultures en terrasse et de villages très « hispanisants » avec Plaza des Armas et Eglise blanche de style colonial. L’avantage d’être autonome c’est que l’on n’est pas obligé de s’arrêter  aux mêmes miradors que les minibus et que passé une certaine heure plus personne… nous serons même les seuls occupants de l’hôtel et donc les seuls à profiter des sources chaudes. Trop bon.





 
 




L’étape suivante de notre programme c’est Cuzco et le Machu Picchu et là… grand moment de solitude quand je découvre que ce n’est pas si simple. Tout d’abord, il y a un cota de 2500 visiteurs par jour afin d’éviter la dégradation du site. 2500… l’idée de me retrouver au milieu de tout ce monde m’effraie d’avance. Du coup, première étape, il faut réserver son billet à l’avance et l’acheter au Ministère de la Culture à Cuzo … ou sur internet, quand le site fonctionne (pas de chance, impossible de faire la transaction) car sur place pas possible. Grrr… Deuxième étape, accéder au site… en train et en bus. Et oui impossible de s’y rendre en 4x4, pas de piste  pour aller à Agua Caliente! Et comme les péruviens savent tirer partie de la poule aux œufs d’or, le train du Machu Picchu est une attraction à lui tout seul, encore faut il avoir des places. Et enfin quand vous avez fait le tour de Cusco pour avoir tout ça, il faut savoir ce qu’on fait de la voiture… Résultat on partira de Ollataytamba, à 7h du matin, 1h40 de train, puis 30mn de bus. Retour à 19h avec même scénario et comme on a du bol, on dormira sur le parking de la compagnie ferroviaire avant et après. Pour le côté improvisation, on oublie et quand je voie la foule en arrivant je prends peur. Mais finalement le site est tellement grand et majestueux que l’on oublie vite tous ces désagréments. Sauf la pluie… mais là encore ce n’est que passager et le ciel se découvre comme tous les jours en fin de matinée. Je comprends mieux pourquoi les vendeuses de bonnets et ponchos péruviens de la gare vendaient aussi des capes de pluie.  Le site en lui même est juste incroyable. Perché sur la montagne, inaccessible, cette cité a rassemblé jusqu'à 1500 habitants, agriculteurs, guerriers, prêtres et notables autour de leur Seigneur sanguinaire. L’occasion pour moi de remettre aussi un peu d’ordre dans la chronologie : les Incas ont régné jusqu’au XV siècle à l’arrivée des espagnols.  Curieusement leur civilisation m’évoque plus l’Egypte Antique que le Moyen Age et la Renaissance. Les guides parlent d’une expérience mystique… ça ce pourrait si ce n’était pas si touristiquement organisé et sans tout ce monde. Mais le jeu en vaux vraiment la chandelle.

Pas super soleil à Cusco mais on s'habitue.
Cusco 

Chaque retsanque a été créée de toute pièce et cultivé de maïs, patates...
Moi je vous le garantie, ça grimpe grave...que des escaliers! 
Quand le soleil apparait...magique

Salines de Maras, en plein milieu des Andes, 4000 bassins !
La suite  de notre périple c’est encore la traversée des Andes avec cols et vallées pour rejoindre Nasca sur la côte et  descendre enfin au niveau de la mer. Ce qui signifie, enfin quitter les pulls et le jean. Quand j‘écrivais en entête de blog que cette parenthèse vagabonde nous mènerait sur les plus belles routes du monde, les routes andines et la Panaméricaine étaient une sorte de point d’orgue. Nous ne sommes pas déçus. Chaque virage est  un émerveillement et autant dire que des virages il y en a dans ces montagnes. Autant que des villages inattendus dans lesquels nous nous arrêtons pour déjeuner. Finalement, plus simple que le pique nique même si question diététique c’est pas le Pérou (oups , mauvais jeu de mots). Pollo frito, chicharon de cerdo, caldo des gallina… tous le menus commencent par une soupe (genre avec du quinoa ou des pates) et tous les plats sont accompagnés de maïs blanc, de riz et de pomme de terre. Avec un peu de chance la boisson c’est du jus de maïs noir (chicha morena) ou du soda, et en dessert une banane. Du robuste je vous dis… ça tient au corps ! Le tout pour une dizaine d’euros pour 2.
On a de la chance de voir ça 
A 4500m petite ville andine comme on les aime 
Truite sauvage et Inka Cola
Des montagnes au désert...
Notre arrivée à Nasca marque la fin de notre périple andin… et le début de la remontée sur le Pacifique. Les lignes de Nasca… je ne sais pas si cela évoque quelque chose pour vous, ce sont ces centaines de lignes et dessins tracés de main d’homme dans le désert.  Certaines figures font plusieurs centaines de mètres de long et d’une grande finesse. Les plus connus étant le colibri, le chien, l’araignée. Quand aux lignes elles ont été tout simplement tracées en nettoyant le sable de ses cailloux et en les marquant de pierres blanches. L’absence de vent de pluie dans la régions ont permis à ces dessins de nous parvenir quasiment intacts. Autant dire  que les interprétations vont bon train, du calendrier astrologique, aux arts divinatoires en passant pas une carte hydrologique. Mais les archéologues sont encore indécis et finalement c’est pas mal que le mystère demeure. Ce qui est sur en revanche c’est que le seul moyen de voir ces œuvres c’est le ciel, alors en route pour l’aéroport afin de trouver le mini coucou qui nous fera voler. Pas très compliqué, une dizaine de compagnies occupent le terrain, toutes proposent le même tour et toutes au même prix: 80$ les 30mn.  Allez hop, en route… avec le cœur bien accroché car le pilote ne se prive pas de nous faire des passages sur l’aile gauche et passage sur l’aile droite pour être sur que l’on voit bien… et aussi assurer son pourboire. Il paraît que les passagers précédents y ont laissé leur petit déjeuner. C’est de bonne guerre et on retourne à la voiture, ravis mais on va attendre un peu avant d’aller déjeuner quand même.

Juste avant le vol...

le colibri...
L'araignée
Paracas...
En route pour Ica, Pisco… des noms de villes qui donnent soif au cœur des vignobles péruviens. Bon pas de précipitation… les vignes sont sur une bande de 5km le long de la mer, toutes recouvertes de grands voilages pour les protéger du soleil brulant. Quand au vin, nous sommes un peu tombé de haut car le Pérou ne produit que du vin sucré. Rouge, rosé ou blanc. Ils appellent cela le bourgogne mais in dirait plus un Rapu corse ou un vin de Namibie pour ceux qui connaissent. Bref rien d’excitant… on va rester à la bière, au Pisco et à l’Inka Cola Un soda au gout de bubble gum qui fait la fierté de tout un peuple car il est plus vendu que le Coca. Pour accompagner notre première céviche (poisson cru mariné au citron accompagné d’oignon rouge , de manioc et de patate douce), rien de plus local.
Au passage nous venons de perdre le capuchon du demi arbre de la roue arrière. Risque de perte de graisse et de casse, donc on rafistole avec un morceau de plastique, du fils de fer et un élastique et … direction Land Rover Lima. Tiens, ça faisait longtemps…  Dans tous les cas on espère arriver à Lima assez tôt dans la journée pour en repartir aussi vite que possible. Les grandes villes avec le chameau ce n’est pas l’idéal ni pour circuler ni pour trouver un hôtel avec un parking. Après une bonne heure entre l’entrée de Lima et la concession Land, pas de surprise… ils n’ont pas la pièce. Mais peuvent la commander pour le lendemain. On est un peu furieux d’autant que Lima étant la capitale avec le seul garage Land du pays on se demande comment  ils vont faire pour tenir le délai. Finalement la réparation tient et on la changera en même temps que la grosse révision en Colombie. Nous voilà repartit sur la Panaméricaine, enfin après avoir encore mis 2 heures pour sortir de la ville. Il faut dire que les péruviens tiennent aussi le pompon de la conduite irresponsable. Aucun n’a jamais du apprendre à conduire mais tous veulent absolument passer, démarrer en premier, doubler (par n’importe quel côté) peut importe les circonstances, le danger, la visibilité. Pas cool du tout, et beaucoup de speed… le Lion gère !
A partir de là la Panaméricaine est un immense ruban d’asphalte noir qui serpente dans le désert le long du Pacifique. Dunes géantes à droite et dunes à gauche, après les montagnes le sable avec de temps en temps des grappes de cases en bambous tressés  ou en bois répartis sur quelques hectares de sable avec à l’entrée « Comunidad Campésina ».  Mystère sur ces « villages » plus ou moins désertés sans eau ni électricité mais il faut savoir que dans les années 70 face à une forte immigration rurale les populations arrivantes se sont vues dotée  de terrain, de plan et de matériaux et à elles de construire leur ville. Seul vrai gros problème de toute cette partie du pays les infrastructures. L’électricité certes mais aussi l’eau potable, livrée en camion citerne et surtout le ramassage des ordures. Pour être claire la zone côtière du pays est une immense poubelle à ciel ouvert. Aux abords des villes ce sont des kilomètres de détritus le long des routes et des rues. Bien souvent la puanteur va avec et nous sommes médusés de voir que les habitants continuent de jeter leur détritus dans la rue sans aucune retenue.  Jusqu’à ce jour les péruviens détiennent la palme du pays poubelle. Dommage… mais nous continuons de remonter en nous  arrêtant aussi loin que possible des agglomérations  et certains villages de pêcheurs méritent le détour. Comme Chancay, ou après avoir évité de peu l’hôtel de passe, nous arrivons dans un hospedaje quasiment vide qui ressemble à un château de Disney Land. Nous y rencontrons Jorge un représentant en farine de poisson chilien qui voyage beaucoup au Pérou et nous donne plein de bons plans.

Communidad campesina...

Et c'est même pas un bidon ville...
no comment on ne s'en lasse pas. 
Il y en a qui ont un sens de la propriété très poussé... c'est mon sable ! 
Pas mal pour se poser en fin de journée !
J'aime les bivouacs comme celui là...

Transport de chèvres...vivantes ! 
Caballito de toros : embarcations traditionnelles individuelles pour la pêche... une sorte de paddle

Huacas de la Luna
Autre découverte la civilisation Moche qui occupa le nord du Pérou du I au VII siècle environs et qui s’est faite laminé par les Incas. Là encore  nous découvrons des Huacas ayant regroupé plusieurs milliers d’habitants avec des pyramides à degrés et des bas reliefs colorés qui laissent pantois. Il y a une quarantaine d’années c’est tout le trésor de la chambre funéraire du seigneur de Sipan qui a été découvert intact. Il été enterré avec sa suite, ses femmes et ses enfants, son chef militaire et son grand prêtre. Et oui il n’emportait pas que son trésor au Paradis mais aussi tous ses proches qui étaient sacrifiés pour le suivre. Aussi  fantastique que le trésor de Toutankhamon… mais moins connu.

Après tant de nourriture intellectuelles il est temps de prendre le soleil ; il paraît que les côtes du Nord du chili sont les seules où il est possible de se baigner car le Courant de Humbolt n’y passe pas.  On veut tester… avant la découverte des forêts équatoriennes. Et voilà comment nous sommes arrivés à Mancora, le Palavas les Flots du Pérou. Un week-end de plage haute en couleurs que nous savourons accompagné de Piña Colada!
Trop bon...
On vient à la plage en famille.... 
Tout y  est même les vendeurs de paréos
on et à Mancora...
A la votre !


Le blog ne se fait pas tout seul...











09/01/2015

Vale un Potosi !


J’en connais qui se ruent déjà sur Google Earth pour savoir où nous sommes. Courrez pas Potosi, c’est en Bolivie. Nous avons franchi la frontière à 50 km de San Pedro de l’Atacama il y a 9 jours pour retrouver la vie nomade dans le Sud Lipez et remonter vers le mythique Salar d’Uyuni. Le Sud Lipez est un zone désertique avec de magnifiques lagunes  mais le choc vient de l’altitude… dans la journée nous sommes passer de 2400m à 5000m et autant dire que lorsque je suis descendue de la voiture pour faire les papiers de la douane, j’étais contente qu’il y ait une chaise. C’est pas qu’on soit malade mais c’est pas tous les jours qu’on se ballade au Sommet du Mont Blanc. Pour le chameau aussi c’est un choc mais il résiste vaillamment, même si le matin à froid à 4600m il a du mal a redémarrer. On lui en veut pas, d’autant que le chauffage Webasto, lui à décider de se mettre en grève. A cette altitude, il n'y a pas assez d’oxygène pour brûler le gazoil. Ca gèle un peu durant la nuit et au petit matin on gratte les vitres de l’intérieur (comme les belges, LoL pour l’ami Pierre). Mais avec duvet, couette et mérinos on s’en sort…  Heureusement les paysages sont enchanteurs et nous sommes aux anges de retrouver la vraie vie sauvage. 

Laguna Verde, assez irréel comme paysage

A nous les grands espaces !

Sources chaudes...trop bon !

5042m... notre record !

Laguna Colorada. il y a plein de flamands roses qui viennent se nourrir et se reproduire

Coucher de soleil dans le Sud Lipez... on est seul au monde

Un rocher et 10 4x4... je fuis !
Encore que pour une zone désertique nous devons la jouer fin pour éviter de se retrouver dans la poussière des dizaines de 4x4 qui baladent les touristes sur les mêmes pistes et les arrêtent très exactement aux mêmes endroits pour voir la même lagune. Incroyable… parler d’esprit grégaire est un euphémisme, le mouton de Panurge était un rebelle à côté. Mais cela constitue un business facile pour quelques agences de tourisme. Même le Routard conseillent de négocier le « tours » à l’envers pour avoir un temps de décalage. Notre chance c’est d’être autonome et d’avancer à notre rythme et avec précaution jusqu’au Salar. Avec précaution car les pistes boliviennes sont loin d’être  confortables, 600km de « clan clan » c’est à dire de tôle ondulée.  Un enfer de poussière… qui donne l’impression que le 4x4 va partir en miettes et nous avec.  Xtian roule aussi avec grande prudence car depuis la frontière nous n’avons plus d’assistance au freinage. Et il lui faut se mettre debout pour ralentir… on n’a pas encore identifier l’origine de la panne et c’est pas cool du tout !

Dans ces conditions l’arrivée sur le Salar est un pur bonheur. C’est plat, sans poussière et suffisamment grand pour avoir une réelle impression de liberté. Une immensité blanche que nous traversons comme dans un rêve pour venir s’amarrer à l’île Incahuasi pour passer la nuit. Et oui, il y a des îles sur le salar et même si là encore le tourisme de masse frappe en journée, la nuit nous sommes les rois du monde. Enfin presque, car à 23h45, alors que nous dormons profondément nous sommes réveillés par de furieux coups de klaxon. Affolement général, on sort en catastrophe pour se retrouver  dans les phares d’un camion citerne qui nous demande d’où nous venons et ce que nous faisons. La belle affaire, on dort pardis ! Et moi, quand on me réveille mes capacités à parler et surtout comprendre l’espagnol sont franchement limitées. Tout ce que je comprends c’est « Cuidado…son siete… » (Attention…ils sont 7) autant dire pas grand chose mais suffisamment pour semer le trouble.  On se barricade à nouveau et on a du mal à trouver le sommeil attentif au moindre bruit, heureusement sur le Salar il ‘y en a pas. Le point positif c’est qu’il ne s’est rien passé et que j’étais réveillé à 6h pour faire les photos du lever du soleil. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, on est donc à pied d’œuvre pour partir explorer le Salar et ses alentours. Nous décidons de repasser la nuit sur place mais arrimé à une autre île, le Isla del Pescado et Xtian en profite pour vidanger le système de freinage… mais c’est pas ça les freins ne marchent toujours pas. Et comme  on est marqué par le destin il se met à pleuvoir ce qui nous tient à nouveau éveillés une partie de la nuit car en cas de pluie le salar se recouvre d’une fine pellicule d’eau, ce qui lui donne de magnifiques reflets mais peut bousiller disques et platines de freins en moins de 50 km et nous on en a 120 pour en sortir. A nouveau on est à pied d’œuvre au point du jour et les dégâts sont limités car les traces sont à peu près sèches. Arrivés à Uyuni on se dépêche de trouver une « lavado » pour le chameau. Il est tout pimpant pour attaquer la route de Potosi…mais toujours sans freins.
on n'est pas gêné par la circulation

Au soleil rasant les prismes de sels forment un immense puzzle

Coucher de soleil....



Cimetière de Telhua sur les bords du salar 
Notre 1er restaurant bolivien...
Qui sert un excellent "Fricasse do cerdo", sur le banc du village

Levé du soleil sous la pluie....

Statue de sel, ils attendent les concurrents avec impatience

Potosi  c’est la plus haute ville de + 100 000 habitants du monde, elle se situe à plus de 4080m d’altitude et elle est construite sur une mine, le Cerro Rico. En fait Potosi, est une ancienne cité coloniale qui, grâce à ses mines d’argent, est au cœur de l’enrichissement de l’Espagne. Au XVII siècle Potosi était aussi importante que Paris ou Londres. Cet or finança en partie la 1ere révolution industrielle  car c’est l’équivalent de plus de 50 milliards de dollars qui furent injectés en Europe entre le XVI et le XIX siècle (essayez de ramener ça à l’échelle de l’économie de l’époque, c’est vertigineux) mais l’Espagne dépensa tellement à Potosi, qu’elle finit par tout perdre et seules les banques en tireront bénéfices (tiens, ça vous rappelle pas quelque chose ??). Potosi c’est aussi un immense génocide de plus d’un million d’indiens et de noirs africains venus travailler là par le biais du commerce triangulaire. Et oui, lors de la Conférence de Valladolid, l’Eglise a fini par reconnaître que les indiens avaient une âme, il a alors fallu trouver d’autres esclaves.  Le comble du cynisme étant que pour supporter cet esclavage les mineurs avaient recours à la coca, qu’ils devaient acheter à leur bourreau. 

L’expression « Valé un Potosi » (ça vaut un Potosi) demeure la devise de la ville et désigne quelque chose d’inestimable. Aujourd’hui il ne reste plus rien de tout ça. La ville survit grâce à d’autres ressources minières comme l’étain, le fer ou le zinc. Quand je dis survit c’est qu’il ne reste plus grand chose de l’ancienne ville coloniale, et que sortit du centre ville c’est plutôt la misère et la désolation de mini bicoques construites sur les extractions au milieu des trous et des terrils.  Malgré cela, nous avons beaucoup aimé cette ville pleine de vie, d’autant qu’il y règne encore un atmosphère de Noël… comme en Espagne l’Epiphanie est la vraie  fête des enfants et à la nuits tombée les familles sortent sur la place pour profiter de la crèche vivantes des animations et manger des pizzas ou des sucreries.  Pour nous  Potosi c’est aussi  l’occasion d’avoir une connexion internet afin de lancer un appel au secours à nos spécialistes Land Rover préférés pour avoir une idée sur la manière de réparer les freins. Chef Rudi de RR Concept nous répond du tac au tac en nous disant qu’il ne s’agissait pas forcement du power break et nous donne d’autres pistes de réparation. Xtian saute dans son moteur et Oh joie ineffable, effectivement il découvre la durite en faute, qui a …fondue ! Et oui avec la tôle ondulée elle est sortie de son clip pour venir se coller contre le moteur. En moins d’une demi heure et grâce à un morceau de tube trouvée par terre, la panne est réparée, le chameau freine à nouveau et nous sommes soulagée car les autant dire que rouler sans frein dans des rues ultra pentues au milieu de la circulation anarchique on a fait plus confortable.Merci Rudi et bravo à mon Mac Gyver préféré.
vestige de l'époque coloniale...
Graisse de porc séchée  pour servir la gastronomie de Potosi 
On mange très bien sur les marchés... et pour des sommes dérisoires. 
Stand de sucreries dans la rue, jelly, salades de fruits, dulce de leche...
A Potosi c'est encore Noël....

En route pour Sucre, la capitale constitutionnelle du pays . Sucre n’est qu’à 2500 m d’altitude, et donc plus chaude… tout est relatif je vous l’accorde. Classée au patrimoine de l’Unesco cette délicieuse ville blanche coloniale mérite que l’on  y flâne un peu. Nous assisterons au départ en grande pompe du Régiment de Police qui assure la protection du Dakar. Avec défilé, discours du Gouverneur et tout et tout. Décidément le Dakar représente beaucoup pour la Bolivie qui attend cet événement avec une grande ferveur. Nous en profitons donc pour visiter quelques Eglises joyaux de l’art baroques et le marché central grouillant de « cholas » ( femmes andines en habits traditionnels) qui viennent vendre leur production. Le marché regorge de fruits et légumes de toutes sortes et il est franchement difficile de résister à la tentation d’acheter de l’ananas, des fraises, des figues, des pêches, du raisin, du melon, des mangues, des goyaves et j’en passe.  Quelle frustration ! Mais nous ne reprenons la route que pour 2 jours  avant de rejoindre La Paz et il est si tentant de s’arrêter sur le bord de la route  pour déjeuner avec les boliviens dans de petites gargotes qui servent un menu complet ( soupe, plat de viande et boisson) pour 10Bs ( 1,5€).


Le lion a trouvé un ami...

Palais du gouvernement régional

Sucre, la blanche.... 
Les revendications s'affichent sur les murs...
Au marché le PQ est fourni avec le jus de fruit... no comment. 
h
Heureusement il n'y a pas que du jus de fruit frais

Le foule se presse pour faire bénir des poupons richement vêtus représentant Jesus. Les sacristains bénissent dehors, à la volée. Il n'y a plus de place dans l'Eglise.
Départ en grande pompe du Régiment de police pour le Dakar ! 
Virgen de Guadalupe, une vierge peinte par un obscur moine franciscain en Espagne mais paré de milliers de pierres précieuses, diamants, perles fines par les riches familles locales, un trésor national.


Pour rejoindre La Paz nous pensons trouver une route goudronnée mais c’est sans compter sur les aléas des chantiers et nous nous retrouvons bloqués à quelques kilomètres de Sucre sur une route fermée pour travaux et qui ne réouvre qu’à 18h. Il est alors 14h et l’idée de patienter 4 heures sur le bord de la route puis de rouler de nuit ne nous enchante pas. On abandonne donc la route et on prend la piste. Quelle bonne idée ! Nous naviguons sur des plateaux entre 3500 et 4000m d’altitude au milieu de montagnes aux couleurs rouges avec des villages accrochés à leur flanc et des champs de patates sur des pentes totalement improbables. Tout est cultivé à la main et même la charrue avec les bœufs n’y accède pas. Les maisons en adobe sont minuscules et sans fenêtres car faute de vitrage, il faut éviter au froid et au vent de s’y engouffrer. Elles sont souvent isolées et il y a toujours un sentier pour la relier à la piste sur laquelle circulent des minibus 4x4 qui assurent la liaison entre Sucre et Oruro. Il nous a fallu persque 2 jours pour parcorir la distance avec le Chameau, je n’ose imaginer ce que ce doit être dans ces bus là. Mais ils ont le mérite d’exister, aucun village n’est enclavé et la desserte des « unidad educativo » est assurée pour les enfants. Une très très belle piste de plus de  500km qui nous a permit de voir la campagne bolivienne. La vie doit y être particulièrement rude et le climat n’y est pas étranger. Tous les soirs nous essuyons un orage voire  de la grêle et autant vous dire que cela n’arrange pas l’état de la piste mais en arrivant à Oruro nous comprenons vite que même dure la vie dans les montagnes l’est moins que dans cette ville. Oruro c’est pour nous la parfaite illustration du chaos. Une ancienne ville minière en faillite où tout part à volo. Les rues sont éventrées, les conduites d’eau à ciel ouvert, donc des tas de sables empêchent d’accéder à des rues devenues impraticables. Du coup il n’y a plus de sens de circulation, ni à droite ni à gauche, plus de signalisation, plus de règles quelles qu’elles soient. En saison de pluie, c’est à dire maintenant, la ville se transforme en marigot ou surnage toutes les ordures possibles et imaginables. Les maisons n’ont parfois plus de toit , remplacé par un morceau de plastique et comme certains murs commencent aussi à s’écrouler il n’est pas rare de voir « l’interieur » d’un habitation. Au milieu de ce chaos les poids lourds traversent sans ménagement les avenues éclaboussant d’eau boueuse les gens qui tentent de se déplacer ou de vendre quelques misères sur le bord du trottoir.
Autant dire que nous ne nous sommes pas attardés et c’est avec soulagement que nous sommes sortit de cet enfer pour trouver à une centaine de kilomètre un bout de campagne ( à 3700m quand même) pour passer la nuit avant de rejoindre La Paz.

L'Altiplano bolivien, une vrai merveille, on dirait pas mais on est en haut de l'Aiguille du Midi.
Des cheminées de fée, on dirait des champignons

Village blotti à flanc de montagne
Les boliviens sont assez farouches? Ils ne sourit pas facilement...
Et oui la nuit il neige...brrrr
On aime bien avoir un engin fiable pour nous ouvrir la piste après la pluie.


L’arrivée en4x4 dans une mégapole comme La Paz nous effraie toujours un peu. On a repérer à l’avance quelques hostals possibles mais la circulation est très souvent anarchique, la population dense et les rues peuvent devenir très étroites. De plus on n’est jamais surs qu’il y aura de la place et il faut en plus trouver un parking à proximité pour que le chameau dorme en sécurité. Bref un moment de stress. La Paz ne fait pas exception à la règle… on y arrive par en haut et c’est une étrange vision que celle ville construite à flanc de montagnes entre 3500 et 4200m. Les pentes des rues sont vertigineuses et on est content d’avoir des freins. La circulation est apocalyptique et plus nous descendons plus tout devient dense et embouteillé. Les étals des marchands ambulants obstruent les trottoirs et les passants se déplacent sur la chaussée. Mini bus, microbus et taxi font régner la terreur à chaque croisement. Il n’y a pas 2cm entre les véhicules pour ne laisser aucune chance à ceux venant d’en face de passer. Le Lion a fini par s’énerver et pratiquer lui aussi la politique de l’intimidation, non mais... Le chameau est suffisamment gros pour que ça impressionne on a fini par trouve le parking et l’hostal qui va avec. Ouf !! On peut souffler et partir à la découverte de La Paz. Doucement quand même car même acclimaté, une rue à 15% de pente à 4000m on est vite épuisé. Nos pas sont un peu lents mais il fait beau et nous faisons le choix de déambuler pour découvrir rues commerçantes et places remplies de pigeons, ancien quartier colonial et marché au sorcières. Un ensemble de rues où chaque boutiques vend toutes sortes d’herbes, de fœtus de lama et de potions magiques pour tout soigner : le cancer, le diabète, la ménopause et la prostate mais aussi pour attirer la chance, aider au développement du business, faire venir les clients, devenir riche sans oublier de soigner les peines de cœur et faire venir l’amour. Comme quoi les boliviens ont beau être très catholiques, le paganisme à encore de beaux jours devant lui.
La Paz regorge de marché dans ce style et demain samedi c’est encore plus grand… j’ai hâte de voir ça.
Vendeuse de poissons du Lac Titi Caca

Un arbre de Noël bis sympathique 
Et oui je sais, je suis fan de street art et j'aime les musées à ciel ouvert

C'est pas la relève de la garde, mais je pouvais pas la rater....
il faut toujours protéger son chapeau de quelques gouttes d'eau.
Vendeuse de jelly a la creme fouettée, les boliviens sont gourmands 
Un écrivain public tape une lettre pour une belle cholas 
Attention, rien ne les arete!

Dans le quartier colonial...

Derrière les portes en bois des maisons de superbes cours intérieures

A l'heure de la sieste.

une rue piétonne...
Foetus de lamas, pour guérir de tout.
Parfum pour appeler l'argent, l'amour, les clients...
une belle collection de "savons mystiques", pour se laver l'âme sans doute.

Les chollas se dorent au soleil...
Au détour d’une rue nous croisons un français qui nous apprend le terrible attentat contre Charlie Hebdo. Je ne sais si c’est la distance et le fait que nous ayons pas mal déccrocher de la vie en France. Nous prenons la nouvelle comme un uppercut, La violence du monde nous revient en pleine tête. Alors même loin nous aussi « On est Charlie ».